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Alain Gest et l’énergie nucléaire: tache aveugle de notre démocratie

Billet de Bernard Léon:

S’il est un sujet qui éclaire au mieux notre affaiblissement démocratique, c’est bien celui du débat sur l’énergie nucléaire. Celui ci est en effet, depuis les années 60, l’objet d’une désinformation organisée, répétée, systématique, de la part de notre technocratie technologique, et de nos élus politiques, ce qui est encore plus grave.

Les premiers défendent les intérêts des structures et entreprises qui les emploient. Les seconds, supposés être l’expression de notre représentation démocratique, et donc refléter l’expression des citoyens, défendent ces mêmes intérêts, pour des raisons qui semblent tenir plus de l’influence qu’ont sur eux des lobbies, que de l’honnête raison.

 Un débat révélateur aux Bernardins

On vient d’en avoir une fois de plus l’illustration, au cours d’un débat organisé au Collège des Bernardins, à Paris, par EuropaNova, sur la question de la convergence énergétique éventuelle entre la France et l’Allemagne.

Est-il raisonnable en effet d’affirmer, comme l’a fait le Secrétaire national de l’UMP en charges des énergies, Alain Gest, lors de ce débat, qu’une politique sur l’énergie qui envisagerait de passer à l’ère du tout renouvelable, comme s’y engage l’Allemagne, relevait du pari, et que, n’étant pas joueur, pour lui, la France n’avait pas vocation à sortir du nucléaire.

Il avait affirmé déjà la même chose dans un débat avec Jean Louis Roumegas (EELV) organisé le 17 mars dernier, par Yann Cohignac, sur le site developpementdurable.com. Pour lui, le France dispose d’une industrie nucléaire extrêmement sécurisée, sans commune mesure avec celle d’autres pays. Des propos que n’ébranle aucun doute.

Oubliés les deux incidents nucléaires graves, de niveau 4, de Saint-Laurent-des-Eaux (50 kg d’uranium entrés en fusion au sein du réacteur n°1 en 1969, et 20kg au sein du réacteur numéro 2 en 1980), et celui de décembre 1999 à la centrale du Blayais, qui n’avait pas résisté à la tempête de fin de siècle. « Très près de l’accident majeur » comme l’a écrit Sud-Ouest, le 5 janvier 2000. Une centrale qui devait rester hors d’eau et qui a été noyée lors d’un événement climatique imprévu. « Une industrie extrêmement sécurisée » comme dit Alain Gest !

La démocratie doit trancher

On ne peut laisser passer. Le dessous des choses doit sans cesse être visé. C’est tout l’enjeu de la démocratie. Une démocratie qu’Alain Gest souhaite représentative et surtout pas participative. Il l’a dit très clairement aux Bernardins.

Que deux tiers des français semblent être favorables à la sortie à long terme du nucléaire, il n’en a cure.

On n’évitera donc pas le débat durant les Présidentielles. Et nous espérons que Alain Gest y participera. Pour voir s’il maintient que Fukushima n’a pas eu d’incidence humaine, puisque, dit il, il n’y a pas eu mort de personnel dans la centrale. Il a tout simplement oublié que 85 000 personnes avaient du être déplacées, vivaient désormais dans des conditions qu’on lui souhaite d’aller expérimenter.

Il faudra être attentif aux paroles prononcées, lors des présidentielles, aux lignes de fuite, aux promesses non signées. Et ne pas oublier ce que l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifique et technologiques vient d’écrire: « La France ne peut se prévaloir d’être totalement à l’abri d’une catastrophe naturelle d’une ampleur inattendue ».

Et nous souhaiterions ouvrir lors des présidentielles d’autres débats sur le nucléaire. Et questionner Alain Gest. Sur la question des déchets nucléaires et du risque qu’ils font courir sur nos épaules, et demain sur celles des générations à venir. Celle du cout du démantèlement des centrales, minoré par Areva, et que nous laisserons en héritage à nos enfants. Sur l’enfermement du tout électrique dans lequel EDF et ses amis ont piégé les populations les plus pauvres, lesquelles auront de plus en plus de mal à se chauffer, du fait d’une énergie électrique dont les couts vont exploser, ne serait ce que pour financer une sureté à sans cesse renforcer.

Pour conclure, je reprendrai ce qu’a écrit l’Académie des sciences le 29 juin dernier: « ce sont les mécanismes démocratiques et non les experts qui doivent déterminer l’avenir de l’électricité nucléaire. Mais il faut pour cela que les enjeux et les diverses options dans leur ensemble soient clairement explicités ».

Un prochain Grenelle du Nucléaire ? Chiche messieurs les lobbyistes et ambassadeurs du nucléaire !

Bernard LEON

Egalement sur: http://revolutions-democrates.over-blog.fr/article-alain-gest-et-l-energie-nucleaire-tache-aveugle-de-notre-democratie-78486378.html 

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